September 13, 2022

NFT et licence CC0, ce que vous devez savoir

Ça veut dire quoi CC0?

Le "Creative Commons Zero" abrégé CC0 est une licence bien connue qui permet à l'auteur d'abandonner tous ses droits d'auteurs. Dans certains pays, il n'est pas possible d'abandonner complètement ses droits, c'est une des raisons pour laquelle l'organisation Creative Commons a lancé la licence en 2008. Elle fournit un moyen simple pour n'importe qui de contribuer au domaine public.

Les types de licences

Ce qui nous intéresse ici c'est quels sont les différents types de licence utilisées au sein de l'écosystème NFT et quelles sont les conséquences sur un projet choisissant le modèle CC0.

Jusqu'au 4 août 2022, ce n'était pas un sujet très discuté mais l'annonce de Kevin Rose, le fondateur de la collection Moonbirds, a ravivé les flammes.

Kevin Rose annonce le changement de licence des Moonbirds
L'annonce de Kevin Rose concernant Moonbirds

En effet, Kevin Rose a annoncé que la collection Moonbirds allait passer en licence CC0. Ce qui signifie que les holders n'ont désormais plus les droits d'exclusivité sur les NFTs qu'ils possèdent.

Le controverse vient du fait que cette annonce a été faite sans prévenir la communauté même de Moonbirds.

Et la colère des détenteurs de Moonbirds est plus que compréhensible quand on sait qu'il fallait débourser une vingtaine d'Ethereum (environ $35,000 au moment de l'annonce) pour se procurer un de ces petits hiboux pixelisés.

Il faut savoir qu'il existe plusieurs types de licence au sein de l'écosystème NFT. La plus répandue est la non-CC0. Vous pouvez faire ce que vous souhaitez avec votre NFT tant que vous le possédez. On peut prendre comme exemple les CryptoPunks, Bored Ape Yacht Club, Azuki ou encore mon bien aimé FoxFam.

World Of Women possède une licence un peu différente de celle des Bored Ape. Les holders de WoW peuvent utiliser leur NFT comme bon leur semble tant que ce n'est pas à des fins commerciales.

Certaines collections comme Doodles vous permet de commercialiser autour de votre NFT jusqu'à $100,000, si vous dépassez de chiffre, il vous faudra contacter l'équipe pour trouver un accord de licence.

Les CryptoPunks étaient à leurs débuts des NFT non-CC0.
Larva Labs, les créateurs de la légendaire collection a préféré gardé les droits sur leur création. C'est Yuga Labs, l'équipe derrière Bored Ape Yacht Club qui ont lancé la mode des collections non-cc0. En effet, les détenteurs de Bored Ape peuvent utiliser leur NFT comme bon leur semble. Le restaurant Bored And Hungry a été ouvert par un holder des Bored Ape. Il a utilisé son NFT comme logo de sa marque.
Après le rachat de Larva Labs par Yuga Labs, la société a cédé les droits des CryptoPunks à ses holders.

Yuga Labs redonne les droits de propriété intellectuelle aux holders de CryptoPunks
Yuga Labs et CryptoPunks

Comme vous pouvez le constater, il existe plein de variantes concernant les droits cédés aux holders de projet NFT. Je ne vais pas tous les lister ici, car ce n'est pas le sujet alors je vous recommande de bien vous documenter avant d'utiliser vos NFTs pour quelque usage que ce soit. Vous pouvez les retrouver la plupart du temps sur le site web dans la section Legals ou Terms and Conditions.

Où trouver les informations concernant les droits d'auteurs des projets NFT
Informations IP d'un projet NFT
Histoire du CC0 dans les NFTs

La première collection sous licence CC0, à ma connaissance, est la collection CryptoDickButts, je ne vais pas vous faire un dessin ce qu'elle illustre, car ce n'est pas la question et vous comprenez probablement autant l'anglais que moi. Ce n'est pas celle-ci qui va nous intéresser, car peu innovante, mais je me devais de vous transmettre l'information qui fera surement de l'effet lors de vos prochains dîners familial.

C'est la collection Nouns qui a retenu mon attention. Lancée le 8 août 2021 par une équipe de 10 personnes composée notamment de @gremplin, le créateur de la collection Cryptoadz, une autre collection CC0.

Présentation du projet Nouns DAo
Nouns DAO - Un projet innovant

Nouns était à la base un projet expérimental et c'est au final devenu une des collections ayant récolté le plus d'Ether.
Le concept est assez simple.

  • Chaque jour, un nouveau "Noun" est mis en enchère pour une durée de 24h. À la fin de cette période, 100% des fonds récoltés sont envoyés à la trésorerie du projet.
  • Tous les détenteurs de Nouns sont membres du Nouns DAO.
  • Un Noun est égal à un droit de vote. Si vous vendez votre Noun, votre droit de vote est également transféré.
  • La trésorerie est contrôlée par les Nouns via une gouvernance.
  • Tous les 10 enchères, le Noun concerné est envoyé à un multisig et est partagé entre les membres fondateurs du projet.

Ce projet est un franc succès, surtout quand on regarde le floor price du projet qui s'élève à 80 ETH (120'000$) au moment où j'écris ces lignes.
La trésorerie de Nouns DAO, quant à elle, possède aujourd'hui environ 28000 ETH, ce qui vaut environ 44 millions de dollars.

D'autres projets CC0 ont suscité une fascination sans précédent comme le mythique Mfers par le mystérieux Sartoshi. Dès le début il a annoncé que le projet était purement communautaire. Il a appuyé sur le bouton final en supprimant son compte twitter quelques mois après le lancement du projet.
Mfers fait désormais partie du domaine public et chacun est libre d'en faire ce qu'il veut! La vision de Sartoshi a été soutenue par une grande partie de la communauté ce qui confirme sa place dans la grande histoire du NFT et dans nos cœurs.

Lettre d'adieu de Sartoshi - Mfers

Le dernier projet en date ayant réussi à se faire une place au sein du monde NFT sont les fameux Goblins de Goblintown.xyz.
C'est surement un des projets qui nous a le plus appris sur le potentiel de la licence CC0.

Transition toute trouvée, j'enchaîne directement avec ce qui m'intéresse avec le CCO et qui est:

Quels sont les avantages et inconvénients d'utiliser la licence CC0 et pourquoi je pense que la majorité des projets devrait l'adopter.

À première vue, il n'est pas facile de trouver un avantage du point de vue d'un holder de NFT sous licence CC0. Qu'est qu'il gagne à acheter une œuvre que tout le monde peut utiliser de la même façon que lui?
Il m'a fallu quelque recherches pour que je m'aperçoive du potentiel du modèle. Il faut bien comprendre qu'un NFT sous licence CC0 signifie que l'on peut faire tout et n'importe quoi avec cette même œuvre.
Cela inclue ce qu'on appelle des dérivatifs.

Je prends l'exemple avec les Goblins qui peu après avoir complètement envahi le milieu des NFTs et atteint une popularité sans égale, de nombreux projets reprenant les traits et caractéristiques de ceux-ci sont sortis.

Les compter serait peine perdue tant il y en a eu. Certains ont connu leur heure de gloire, d'autres ont disparu aussi vite qu'ils sont apparus, mais une chose est sûr: tout le monde parlait des Goblins.

Et c'est là, un des pouvoirs du CC0.
Tout le monde peut créer de façon totalement libre, des oeuvres autour du produit original. Qu'il s'agisse d'autocollants, de memes, de courts-métrages, de jeux vidéos, tout le monde peut participer au développement de la marque, à sa façon.

Le pouvoir du CC0

Vous voyez où je veux en venir?

En ayant des produits dérivés venant de tous les côtés, le produit original renforce son image.

Pourquoi? Car il est l'original. Il est la naissance de toutes ces créations, toutes aussi folles les unes que les autres. Il est la genèse d'un mouvement, d'une philosophie et d'une communauté.

C'est la meilleure visibilité possible pour une marque.

Évidemment, cette possibilité est à double tranchant, des personnes malintentionnées pourraient créer des dérivés mettant en scène des éléments peu sympathiques pour ne pas les citer.
Mais est-ce la responsabilité de la marque? Je me permets d'y émettre quelques doutes.

Ce modèle est bien plus bénéfique que néfaste pour une marque, mais concernant les holders, qu'est ce qu'ils y a gagnent à acheter un NFT sous licence CC0? (c'était ça ma question à la base)

Pourquoi est-ce que j'achèterais un NFT si n'importe qui peut l'utiliser de façon libre?

Saviez vous que certaines œuvre de Leonard de Vinci sont CC0? Est-ce que la valeur de l'original a baissé pour autant?

Oeuvre sous licence CC0 de Leonard de Vinci

C'est exactement la même chose pour les NFTs. Ce n'est pas parce que le monde est libre de créer des copies conformes d'œuvre que cela réduit la rareté de l'original. Par contre, cette même possibilité permet de faire connaître de façon démesurée l'œuvre originale.

La CC0 dans les NFTs a également un autre avantage extrêmement intéressant comparé à des œuvres comme celles de Léonard de Vinci.
Si je vous dis blockchain, vous me dites?

Authenticité et traçabilité

Je prends le pari que vous ne pouvez pas faire la différence entre un faux da Vinci et un vrai.
Par contre, je prends également le pari que, après une petite heure de formation pour les plus novices, vous êtes capable de reconnaitre un vrai CryptoPunk d'un faux.
Tout cela grâce à la blockchain. C'est terminé les experts qui se comptent sur les doigts d'une main qui va authentifier une œuvre contre une somme exorbitante. Votre petit cousin Andy peut s'en charger contre un cookie.


Pour résumer, CC0, ou Creative Commons Zero, est un moyen alternatif pour une marque ou une collection NFT de s'appuyer sur la confiance de la communauté. Son potentiel est difficilement mesurables, mais les NFTs nous ont prouvé que le pouvoir communautaire libères des possibilités infinies.

Bien que la CC0 semble être un des meilleurs moyens pour se développer dans le monde des NFTs, il est nécessaire de trouver des points d'équilibre afin de trouver le meilleur compromis suivant la marque.

En tant qu'investisseur de NFT, il est primordial de bien se renseigner sur le type de licence utilisée par votre projet favori.

Séparément les termes CC0 et web3 font sens mais quant on les mets ensemble, cela peut sembler un peu contradictoire. Je m'explique.
On avance toujours ce que le web3 apporte aux utilisateurs: Le fait de posséder et de pouvoir monétiser ce que l'on publie sur Internet. Et pourtant, avec le CC0, les artistes choisissent de leur plein gré de partager gratuitement leur travail avec le monde entier.
Vous voyez où je veux en venir?
Le NFT a donné la possibilité aux créateurs de monétiser de façon transparente et certaine le fruit de leur dur labeur. Et pourtant, il y en a qui utilisent cette technologie pour apporter de la valeur gratuitement.

Le CC0 a permis de développer la vision du web3 à travers l'art et je suis sûr que l'avenir nous réserve encore de belles surprises.

P.-S. – L'illustration de cet article a été faite à l'aide du projet NFT CC0 Lilverse 😉

Voici quelques liens utiles si vous souhaitez explorez davantage le sujet:

Jonathan Vouilloz
Consultant et Analyste Web3
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